Saturday, January 26, 2008

Atelier d'écriture, troisième séance avec Catharsis :

J'en avais pas parlé avant, la flemme très sûrement. On fait un atelier d'écriture dans le cadre de l'association Catharsis, avec Anaël un scénariste issu de l'école CEEA. C'est très enrichissant et un peu destructeur également. Mais pour construire il faut souvent détruire avant, pour bâtir quelque chose de plus solide, de plus structuré.
J'avoue pas avoir tout assimilé, ne pas être sûr de tout avoir compris non plus, même maintenant qu'on a fait trois des quatre séances prévues pour cette année.
Le but ? Arriver la première séance avec une idée, une ambiance qu'on voudrait rendre dans un texte, éventuellement un vague synopsis, des idées jetées sur une feuille de brouillon. De là on fait des exercices pour bien cerner les structures archétypales des récits, ce qu'on va retrouver sur tout récit, notamment "quelques équations", des os de squelettes propres à l'espèce des textes :
On a un Protagoniste qui a un Objectif, mais un Antagoniste se dresse contre lui (son propre Objectif vient percuter plus ou moins frontalement celui du Protagoniste).
Après la deuxième séance, nous avions fini d'écrire notre plan pour écrire la nouvelle avec laquelle nous étions venus. Pour mon cas, ça tenait en une page et ça mettait en lumière les principaux axes qui devaient ressortir :

Incident déclencheur, noeud dramatique, point de non-retour, anti-climax, climax, résolution

Entre les ateliers 2 et 3 nous avions ensuite rédigé chacun nos textes... Là aujourd'hui, c'était une série de petits exercices sympa, toujours autour du pitch : ce résumé d'une ligne sur un texte, qui dit qui est le Protagoniste, quels sont son Objectif et son Antagoniste. Puis sur le thème et le point de vue également.
Un point en particulier, que j'avais déjà déduit en écrivant depuis le temps, mais qui m'est apparu plus clairement en travaillant cela dans l'atelier de ce jour, c'est l'intérêt pressant pour l'auteur - s'il ne veut pas que son lecteur s'emmerde - de parvenir à insérer les informations qu'il veut distiller au fil du récit, information sur l'univers mais également caractérisation des personnages, dans les dialogues et dans l'action. Et non, comme on aurait trop souvent tendance à le faire dans des introspections, réflexions, apartés du protagoniste.
L'exercice qui consiste à écrire une caractérisation d'un protagoniste à travers des actions et/ou dialogues, en focalisation externe (le narrateur ne sait pas ce que pense le personnage en question) est particulièrement formateur : essayez pour voir, c'est assez fascinant, même si ce n'est pas toujours évident ! C'est vrai que cette approche apporte beaucoup au récit, en rapidité et en concision, je suppose, quand on parvient vraiment à réussir cela.
Content en tout cas que l'on avance et qu'on apprenne, tout en étant renvoyé à nos propres capacités, notre propre univers intérieur, mais toujours avec cette idée qu'on écrit pour un public, qu'on doit avec une exigence pour se faire comprendre et parvenir aux effets qu'on s'était proposé...
Peut-être que j'aurais moi la flemme pour écrire un billet sur le dernier atelier de la saison.
Ah oui ? Pourquoi c'est rangé dans la Foire à l'empoigne littéraire. C'est que certains trouvent que ce type d'atelier ne sert à rien. En France, mais je pense que cela est en train de changer, un certain culte au mystère de l'artiste existe, assez exaspérant. Un auteur pratique une sorte de magie littéraire incompréhensible du commun des mortels, on ne va pas remettre en question son pouvoir : il ne peut pas être analysé, quantifié, disséqué : essayez et on vous balancera des mots métaphysiques, comme certains lanceraient des chapelets d'insultes !
ça donne à peu près ça : Intuition, talent, Muse, génie, "peux pas comprendre, fils d'ouvriers" (ça c'est pour celui qui a le malheur de critiquer).
C'est ce que je regrette un peu sur certains atelier d'écriture : l'impression qu'on ne cherche pas à aller jusqu'au bout de la chirurgie des mots. On doit avoir les mains pleines de camboui et/ou de sang quand on a fini d'analyser son propre texte non ? Des bouts de tripes partout, des éclats d'os qu'on a cassés à la scie égoïne. Si ça se limite à dire : "oui, j'ai bien aimé ton texte... ou ton texte est agréable, mais il ne m'a tout à fait touché (ça c'est la litote pour dire : ta nouvelle est une sombre merde, mais je peux pas te le dire car en plus d'être doué d'un égo surdimensionné quant à ton "art" tu es dépressif au dernier degré et je veux pas ton suicide sur ma conscience et ta cervelle sur ma chemise...)
Et c'est vrai que des fois (souvent), bah on a pas envie de jouer aux apprentis bouchers avec ses propres textes : c'est bien plus marrant quand c'est le textes des autres, hein ?
Mais c'est libérateur, en fait ! Content qu'on fasse ça dans nos ateliers. Enfin, si je dois vraiment me faire lyncher et pressionner méchamment pour sortir le jus attendu, qui va dans le sens de l'exercice donné, je sais que ça laissera des traces... mais on s'appelle pas Catharsis pour rien non ?
Et c'est dans la pression, quand on est poussé dans nos derniers retranchements que des déclics, des révélations se produisent. Avoir un animateur qui te fait :
"Non. C'est pas ça. Il faut que tu ailles plus loin, va encore plus loin, il faut qu'on sente vraiment le conflit, l'implication du personnage, ce qu'il met en jeu, à quel point ses intérêts percutent ceux de l'antagoniste et comment ce conflit se traduit", avoir cet animateur là qui te force à cracher des tripes sur la feuille à les mélanger à celle de ce texte que tu tritures, ça permet vraiment de vivre l'écriture !




Friday, January 25, 2008

Quelque chose...

Voilà, pour revenir à l'article précédent, je me rends bien compte que j'ai écrit quelque chose... C'est bien ça le problème. C'est une chose informe, là, posé au milieu de mon bureau en désordre, à côté de mon ordinateur : un monstrueux rejeton littéraire, un nouveau-né dont je suis obligé de reconnaître la paternité, mais pour l'instant, avant les premiers soins, j'en suis pas très fier...

Ouaip, j'ai écrit un roman, encore un, mon troisième premier roman et je compte bien qu'il soit publié un jour. Mais dans l'état actuel, il reste beaucoup de corrections. Marrant que je trouve un premier mouvement de recul, et angoissant à la fois : marrant parce qu'on met d'habitude plus de temps à trouver un certain recul par rapport à son dernier texte en date, angoissant parce que je vois que le mioche est bancal, moche et mal foutu, mais j'ai beau penser à tout ce que je pourrais faire pour l'embellir et lui rendre la vie plus facile, j'ai peur de passer à côté de beaucoup de corrections.

Et puis j'ai envie de dire à tous les bêta-lecteurs, à chaque nouvelle page recorrigé, non non non, le lisez pas finalement, n'entrez pas dans la salle d'opération, on a pas encore tout bien fini, non non non, en fait c'est pas bon là, il y a encore beaucoup de boulot !!

Monday, January 21, 2008

Emile Delcroix et l'ombre sur Paris

Voilà, j'ai écrit jusqu'à l'épuisement, mais étrangement, contrairement à ce que j'aurais pu croire, pas jusqu'au dégoût, au contraire... J'ai écrit la fin de mon roman, sur un rythme pour moi frénétique, avec une moyenne de 7000 à 10000 signes par jour, pendant deux semaines, avec quelques petits breaks... Mais c'était plus ou moins ça le programme : écrire pendant ma pause, rentrer le soir, écrire jusqu'à deux heures, trois heures du matin, repartir au travail en attendant impatiemment la pause, puis en attendant à nouveau le soir, pour écrire... Eprouvant pour les nerfs notamment au niveau du sommeil et de ce désir, toujours plus grandissant, de frapper le mot "fin".
Mais bien sûr, ce n'est pas "fin" qu'il faut lire, mais "feint"... Car maintenant il reste tout le travail de relecture et de réécriture. Au moins, la boucle est bouclée, j'ai conduit mes personnages là où je le souhaitais, même si j'ai une fin alternative dans ma besace.
L'impatience s'est mue en autre chose, elle est plus diluée, mais encore présente. C'est le désir de finir les corrections, de remplacer "feint" par "fin"... enfin, puis d'avoir le retour des bêta-lecteurs, et qui sait des éditeurs et du public.

C'est l'heure pour moi d'aller dormir... Avec un vrai soulagement, celui démultiplé, que je ressens déjà lorsque je finis une nouvelle, le sentiment - sans jugement de valeur sur l'oeuvre - d'avoir accompli quelque chose.

Friday, January 18, 2008

2008 vs 2007 ?

A la base j'avais écrit ces voeux pour les publier dans un webzine, mais j'ai pas reçu de réponse, pas même d'accusé de réception. Soit ils ont trouvé ça trop politiquement incorrect, soporifique et long, soit ils s'en foutent. Alors je profite de mon blog pour les publier ! Vous sentez pas obliger de tout lire si ça vous soûle et/ou vous désespère !

Ce Réveillon de la St Sylvestre m’a laissé un goût d’inachevé…

Non, non… Ce n’est pas que le repas ait été mauvais, ni les boissons d’ailleurs (encore que le Muscat ne passait vraiment pas…)

C’est juste… Je ne sais pas.

J’aurais bien voulu avoir tous les miens autour de moi, peut-être sortir et faire une nouba d’enfer, claquer mes tunes — ou celles des autres, hein ? — comme un président tout juste élu.

Mais voilà, on ne dépense pas l’argent qu’on n’a pas.

En fait, ce n’est que deux jours plus tard que j’ai compris ce qu’était ce goût d’amertume : des relents de toute une année pourrie, trop salée pour moi, et pour beaucoup d’entre nous.

Je n’entends, dans une certaine presse, que parler de la France qui réussit, de ces politicards bling-bling qui tireront la France d’en bas vers le haut…

Je n’entends, autour de moi, que des amis, des proches, des parents me raconter des boîtes qui coulent, le chômage et la misère qui guettent… Et les retours au pays en charter.

Pourquoi n’ai-je réalisé d’où venait cet arrière-goût que deux jours plus tard ?

Trois ou quatre épisodes croisés m’ont donné une image du 2007 finissant et m’ont également laissé une impression de ce que pourrait être 2008 :

  1. la Poste
  2. le bureau de tabac/la station de métro
  3. les poubelles en bas de chez moi

La poste ? Je me pointe bien 15 mn avant 18 :00, heure fatidique de la levée du courrier. Mon recommandé ne partira que le lendemain. Et pour cause, j’arrive au guichet à 18 :30… C’est que ça se bouscule, ça se double sans scrupule, avec des airs de ni-vu-ni-connu-je-t’embrouille ou de vierge effarouchée.

Après avoir un peu joué des coudes et fait la grosse voix, je peux donc affranchir ce satané bidule.

Je dis en rigolant à la guichetière :

« Bah dis donc, on pourrait croire que c’est le seul jour de l’année où vous êtes ouverts ! »

Elle m’explique que je ne crois pas si bien dire, que ça s’est calmé, qu’elle avait quand même fait cent opérations sur la journée… Tout ça parce que les gens viennent s’occuper de leurs intérêts… ça pourrait être aussi bien le 18 juillet à 14 heures, qu’elle me dit.

Je suis resté un peu interdit. J’imaginais tous ces gens flippés par un avenir menaçant de leur tomber sur le coin de la gueule, épargnant quand même, parce que bon, il faut bien, hein, ma petite dame.

En guise de conclusion, la postière me dit que maintenant on peut faire ses recommandés directement sur Internet. Chouette, super, belle avancée technologique. C’est vrai, c’est bien pratique…

Ce qui m’amène à ma hantise apocalyptique de fin d’année, en rapport avec le point 2 — le métro (et également le bureau de tabac).

Dans cette mégalopole moribonde, vivant encore au rythme des secousses émétiques du Réveillon, un vrai défi m’attendait.

Trouver un coupon de carte orange mensuel. Parce que les avancées technologiques c’est ça aussi : on automatise.

Et on chomatise à tout va et pourquoi pas ?

Comme disait Coluche, une machine ça touche pas de salaire, ça fait pas grève, et le plus fort… ça a même pas besoin de travailler !

Je suis sûrement une tête de mule, de ne pas vouloir upgrader, depuis des mois au passe Navigo.

Flemme d’une part, volonté de ne pas me faire fliquer d’autre part ? Et dire non, d’une certaine façon aux suppressions de postes que suppose le fait de pouvoir recharger son passe n’importe où, sans avoir besoin de personne. Vous l’aurez remarqué comme moi, il y a moins de points de vente dans les stations... ils sont fermés une fois sur deux ou remplacés par des points d’accueil, qui en fait ne servent pas à grand-chose…

Quoi qu’il en soit, j’arrive au tabac en me disant… là, ils auront peut-être des coupons, qui sait ?

Le choc, déjà, quand je passe devant avant d’y rentrer :

C’est vide ! Je dirais même, si c’était français : Super vide !

Sur les coups de 18 :30 pas un chat… pas même un chaton. Bon allez, si, il devait y avoir 5 ou 6 clients. Et pas un nuage de cigarettes !

C’est beau les lois anti-tabac. Plus de cancers collectifs, maintenant, les fumeurs devront faire ça chez eux, à la rigueur en famille, parce que c’est plus convivial tout de même. C’est sûrement une bonne façon de commencer 2008, non ? Entrer dans un bar sans avoir la puanteur des clopes qui s’accroche à vos poumons comme les rejets de pétrolier dégueulés sur les plages bretonnes ! J’imagine que ça va réconcilier une partie de la population avec ces « lieux de perdition ». Je garde un souvenir peu agréable de pas mal troquets immondes, jonchés de clopes écrasées avec des poivrots en phase terminale de cirrhose. 2008 : sans mégots, mais en conservant les poivrots, ça sera toujours ça de pris.

Remarquez, ça sentait encore la cigarette. Je me demande combien de temps cela va rester dans les murs avant de se dissiper tout à fait.

Voilà, une société clean en apparence…

La buraliste n’a plus de coupon… Elle me renvoie en fait à « la station de métro la plus proche ». Classique.

Mais de fait, ma station de métro en avait bien, des coupons de carte orange. J’avoue que je ne comprends pas trop. Ils sont un peu pénibles à la RATP, non ? Alors qu’à République, et dans d’autres stations, ils n’en vendent plus… !

Je finis mon périple qui me ramène chez moi, content comme tout de mon achat ! Et je déchante assez vite… En bas de mon immeuble, deux trois personnes farfouillent les poubelles pour se faire le Noël qui leur aura été refusé. Noël en retard qui consiste à récupérer ce que les gens ont jeté, une semaine après le passage du vieux barbu en rouge justement.

Société de consommation de merde… A laquelle je participe à fond, j’en ai bien conscience. La phrase de Clive Barker, dans Le jeu de la damnation ou Imajica : « Nous croulons sous le poids de nos propres excréments » me revient souvent en mémoire.

Vous me direz… Bah il ne parle que de la France, là, il ne dit pas un mot sur le reste du monde… Allons, c’est déjà assez déprimant comme ça, on s’arrête ici pour le moment, hein ?

Sinon pour 2007 et comme j’ai allégrement passé mon temps de parole à patauger dans le réel, sur le refrain de Raphaël : « Mais on est dans le dur, pour cette vie c’est sûr », je dirai que je retiendrai de l’imaginaire… Des œuvres louchant le plus souvent sur le réel, comme par hasard.

A scanner darkly m’a mis une baffe monumentale, Le Prestige m’a laissé KO, la série Carnivale (faiblement traduite par le Carnaval de l’étrange) m’a rouleau-compressé, Jekyll, bijou de la BBC, avec sa réplique « Trust me, I’m a psychopath » m’a achevé.

J’ai pu lire (et même traduire et réunir dans une anthologie — trafiquants de cauchemars !) de très bonnes nouvelles d’auteurs espagnols et latinos — en vrac : Carlos Gardini, Sergio Gaut Vel Hartman, Fabio Ferreras, Santiago Eximeno, Joaquin Revuelta, Eduardo Vaquerizo… Et des français aussi, si, si… Berrouka (qui m’a traité de vieillard cacochyme au trois quart sénile d’au moins… soixante ans), Nathalie Dau (oui, elle, elle a droit à un prénom, pour la peine !), Mélanie Fazi (ça c’est bon, ça coco !), Dufour, Dufour bien sûr avec son « Immaculée conception », Noirez, et tant d’autres… Je n’oublierai pas de sitôt l’excellent roman Peregrinos de Marte de José Antonio Suárez. Et je vous conseille de guetter la sortie en ligne et gratuite, donc, de la traduction du recueil de micronouvelles Miniloquios y cementerios de Alfredo Álamo (Ediciones Efímeras), à moins que vous vouliez dévorer ces horribles petites friandises tout de suite, dans leur langue d’origine :

http://www.edicionesefimeras.com/aware.html

Si on doit rentrer un peu plus dans ma vie privée d’auteur « merveilleux », 2007 a été l’année où j’ai flirté avec Lunatique et Black Mamba, suis parti en voyage de noces avec Borderline, ai divorcé avec Faërie, après un mariage même pas consommé, ai soupiré (un peu) auprès de Fiction, ai vécu de torrides aventures exotiques avec Axxón et Qliphoth… Beaucoup de choses, mine de rien. Et je ne vous parle pas des cochonneries faites avec les maisons d’éditions, je n’évoque que les revues, là… Espérons que 2008 m’apporte de bons gros enfants littéraires, aux joues roses et aux pages bien remplies.

Bon allez, bons vœux à tous, quand même ! Malgré mes ronchonnades sur l’état déplorable de notre pôôvre vieille Terre. On verra bien ce que nous réserve cette année sans fumée — ce qui ne nous épargnera pas de nombreuses fumisteries médiatiques…

Je vous souhaite d’avoir autre chose qu’un arrière-goût en bouche : puissiez-vous croquer la vie à pleines dents, croquer de juteux fruits de réussite, de succès, d’amour, en ayant la santé !

Car 2008 ne pourra pas être plus pourri que 2007... ? Comment ? Si ???