Tuesday, March 03, 2009

El Libro de las Voces de Carlos Gardini (in Premio UPC 2001 – ediciones B (2002) – environ 170000 signes


Roman de space opera à fortes tonalités mystiques.
Gardini traite dans ce roman court finaliste du prestigieux prix UPC 2001 de la révélation d’un marin, Andreï Lamar, qui en parvenant à comprendre les voix qui lui parlent, deviendra Arcángel. Ce pêcheur de primadonnas, d’étranges créatures évoquant les sirènes, voit en effet son destin bouleversé par sa capacité à entendre les « voix de la nuit », le Hálito (souffle) divin aussi appelé la língula sacra. Le plus souvent, dans son monde, Delfos, les gens entendant de telles voix finissent par devenir des fous méprisés, craints ou vénérés selon la culture. Surveillé depuis longtemps par une troupe nomade de cirque, la Cálifa, et plus particulièrement Tania Tok, appelée à devenir sa veuve, Lamar échappe à une tentative de meurtre de l’ordre religieux majoritaire, les Edenistas. Ces derniers professent une forme de résignation spirituelle, terre à terre, en prônant que le Paradis ne doit pas être cherché dans les étoiles, il est là, sur Delfos, à portée de main.
Tania Tok emmène Andreï dans le désert, où il rencontre le reste de la Cálifa avant de devoir subir l’épreuve qui décidera de son statut de dómine (homme capable d’entendre les voix) et surtout de futur prophète.
Abandonné dans le désert, Andreï se retrouve entouré par les terribles raspodas, un peuple de nomades du désert spécialisés dans le trafic d’esclaves. Il pense devenir leur captif, mais quand il se met à leur crier dessus en língula sacra et qu’il s’écroule, ils ne sont plus là à son réveil. Il se retrouve littéralement transporté, sa conscience file dans l’espace… Et à partir de ce moment, le roman s’ouvre vraiment sur sa dimension space opera/science-fiction, sans jamais perdre sa portée mystique. En esprit, il rencontre le DIAL – Dispositif d’Intelligence Artificielle Limitée – qui est à l’origine de ces voix…. Et à l’origine de la vie sur cette planète. Coupé un temps de la population de Delfos, il cherche à reprendre contact avec elle et à intervenir à nouveau dans son développement, à travers un Arcángel. Lamar supportera l’afflux d’informations transmis par le DIAL et sera à même de remplir sa mission et bien plus encore. Il découvrira l’origine de ce DIAL et donnera un nouveau destin à sa planète. En ce sens, la fin est époustouflante avec une gradation vertigineuse des révélations concernant l’univers développé dans ces pages.
On retrouve dans ce roman des thèmes chers à Gardini tels que la combinaison (qu’elle se traduise par l’affrontement ou la complémentarité) entre science et religion, la construction de sociétés étranges aux modes de fonctionnement absurdes voire cruels. Dans El Libro de la Voces, jusqu’à l’étourdissement, il utilise des grands thèmes propres au mysticisme religieux, tels que le fait d’entendre des voix, le parler en langues, le ravissement aux cieux et également propres à la cosmogonie (Création du monde, des espèces vivantes)… en ajoutant une dimension technologique, mais sans jamais non plus vider ce mysticisme de son sens. C’est là la grande force de l’œuvre, ce qui nous amène, nous, lecteur, à nous poser de nombreuses questions sur les mécaniques d’une révélation, d’une religion quelles qu’elles soient. Tout cela, tout en parvenant à développer une intrigue solide, riche en rebondissements, avec des personnages souvent fascinants et un monde dans lequel on rentre sans difficulté avec un réel plaisir, d’autant que les révélations de plus en plus importantes nous permettent d’en découvrir l’envers du décor. Comme toujours, grâce à sa grande maîtrise de l’écriture, Gardini parvient à faire passer énormément d’émotions, d’idées et ouvre des abîmes de réflexions pour le lecteur sans jamais que la force de sa narration, de ses descriptions, des actions et de l’intrigue n’en pâtissent.