Sunday, January 17, 2010

Une interview dans la Gazette de MéluZine n°3 (sortie en Février 10)

On m'a proposé de répondre à quelques questions pour la Gazette de MéluZine. Je vous offre ici en exclusivité trois réponses à des questions qui ne seront pas, faute de place, dans les colonnes de la Gazette :D

MéluZine : Pouvez-vous nous parler de l’édition professionnelle ?

Il est impératif de parvenir à se constituer un réseau pour espérer pouvoir y travailler. On peut passer des années à taper à une porte avant qu’on vous ouvre. C’est lassant, mais les éditeurs sont débordés et ont l’embarras du choix : tout le monde veut écrire en France, quant aux traducteurs, il n’y a qu’à se baisser pour ramasser des candidats (après s’ils font l’affaire, c’est autre chose). Le copinage que l'on peut observer dans le fanzinat est là aussi bien présent. Cependant, il ne faut pas s’imaginer que les éditeurs ont des positions en or : on a tendance à idéaliser ce métier. Je connais pas mal de petits éditeurs qui galèrent !


MéluZine : Et du fandom hispanique ?

Le fandom espagnol est plus petit que le français, en un sens, plus dynamique également, tout en étant moins reconnu par le grand public de son pays. J’ai eu l’occasion en 2009 d’aller à la Convention nationale de SF à Huesca et j’en suis revenu avec une impression très positive. Les conférences étaient vraiment intéressantes et les intervenants pointus. Ce qui m’a particulièrement marqué, c’est la jeunesse des auteurs d’horreur qui se sont réunis dans l’association Nocte, laquelle fêtait sa première année d’existence. Ils ont fait une présentation de l’association – en étant à peu près aussi nombreux que l’assistance ! – avec douze ou treize auteurs présents, et on sentait vraiment qu’ils en voulaient, qu’ils essayaient d’avancer en groupe, de se faire connaître comme les représentants d’un genre et qu’ils avaient des projets. Depuis quelques années, on ressent un vide au niveau des revues espagnoles, suite à la disparition de certains titres tels que Solaris ou Gigamesh. Cela aurait pu rendre plus difficile l’émergence d’une nouvelle génération d’auteurs si Internet n’avait pas pris le relais. Il est intéressant de remarquer que les liens avec l’Amérique latine sont plus étroits que ceux de notre pays avec la francophonie.
Pour ce que j’ai pu en voir, les phénomènes de copinage et les petites guéguerres entre membres du fandom sont malheureusement loin d’être une exclusivité franco-française.

MéluZine : Lorsque vous écrivez ou que vous planifiez un récit, recourrez-vous des techniques spéciales ? Des ruses d’auteur ? Des gestes fétiches ?

Eh bien… ça dépend vraiment du feeling. J’essaie le plus souvent d’avoir un plan assez précis (que je garde dans la tête ou transpose à la fin de mon doc Word en gestation) ou d’avoir au moins une direction approximative avec une fin claire. J’apprécie particulièrement de pouvoir ressentir une ambiance propre à l’histoire que je suis en train d’écrire, mais cela ne se commande pas toujours. Quand je « tiens » l’ambiance de l’histoire, et c’est plutôt le cas sur des nouvelles courtes, que je sens les phrases qui viennent toutes seules, alors le texte peut s’écrire très vite.
Concernant les micro-nouvelles, je dois être vigilant, parce qu’elles peuvent me venir à tout instant : je me balade tout le temps avec un carnet. Le surgissement d’idées pour des microfictions se fait quand même souvent par périodes. Et c’est un peu comme collier de perles, on tire sur une idée, et une autre suit derrière, ainsi de suite.
Sur les textes longs, il arrive parfois que j’en vienne à faire ce que j’appelle « forcer l’écriture ». Il faut pour cela avoir un plan béton, bien détaillé et avoir réfléchi à l’univers. Je sais alors ce que je dois écrire pour aller du point A au point B de mon histoire, avec les étapes et tout, et du coup, même si je n’ai pas l’inspiration sur le moment, je me force à écrire le passage en question, ne serait-ce que pour avancer et passer à la suite.
Pour les ruses d’auteur, quand je cherche activement des idées, pour un appel à textes,par exemple, selon que le sujet est plus ou moins « bateau », j’essaie dans un premier temps de faire un inventaire rapide de ce qui a déjà été faits, pour m’en démarquer en tachant de fouiller les origines des mythes et voir les explications ou les distorsions que je pourrais apporter dessus.
Certains auteurs ont effectivement des gestes fétiches, des rituels de mise en condition. Je n’en ressens pas vraiment le besoin. Question d’état d’esprit, je pense… et d’organisation (ou désorganisation, dans mon cas). Je peux écrire dans les transports, dans une salle d’attente, chez moi… Après, c’est vrai qu’on a parfois besoin de se caler confortablement dans une bulle de tranquillité pour être le plus productif possible. Parfois la musique (souvent du métal symphonique, mais pas toujours) m’aide à écrire, parfois au contraire, elle me dessert.

La suite dans la Gazette de MéluZine n°3, donc, où j'évoquerai entre autres des choses dont seuls Xavier Dollo semble encore se rappeler, ou je dirai deux mots sur mon actualité littéraire et d'autres joyeusetés !