Tuesday, January 13, 2009

Même sans comprendre

Je prends la mesure de l’incompréhension
Elle palpite, sauvage, désarticulée,
En apparence proche, en fait reculée
Rythme ancré dans mon crâne, vibrante pulsion

Imparfait, l’Homme en pensée tout comme en action,
Vacille pour au final s’effondrer, acculé
Par le destin, sa poignée de rêves brûlés
Rejoint les braises de ses erreurs et questions

Même sans comprendre, j’éprouve et je savoure,
Je donne une couleur à tout ce qui m’entoure,
Nourris la vie à l’intérieur de notre vie

L’écho de nos âmes et l’appel de l’amour
Jouent à se répondre, recouvrant les tambours
De l’incompréhension pour servir nos envies



Un sonnet pour ma chérie tant... chérie ! en écho à son blog...

Saturday, January 10, 2009

Un savoir inutile

de sergio Gaut Vel Hartman


On passe sa vie à essayer d’imaginer comme ce sera d’être mort. Et une fois qu’on le sait, ça ne sert à rien. Je m’explique, l’univers entier devient une chambre Gesell et tu as beau écraser ton visage contre la vitre : personne ne te voit.



Pour la petite histoire, cette nouvelle fait partie d'un ensemble de six micros nouvelles parues sur le site Letras de Chile
ON trouvera une autre nouvelle de cette sélection sur le site Antre-Lire et d'autres devraient également suivre toujours sur l'Antre-lire et toujours traduite par mes soins.

Friday, January 09, 2009


Je voulais vous parler aujourd'hui d'un texte qui m'a réellement séduit, dès le moment où j'ai lu des critiques à son sujet, avant même de l'avoir entre les mains ! Les chroniques lues sur le net étaient dithyrambiques... Après pas mal d'aller-retour entre auteurs et éditeurs espagnols de l'imaginaire, j'arrivai à avoir le mail de l'auteur. Super, il m'envoyait le roman par la Poste ! Mais pas le temps d'attendre, je lui demandai la version PDF, que je dévorai avant que le courrier n'arrive, lecture à l'écran, des heures durant, des yeux éclatés comme ceux des lapins albinos des labos... !

Voilà ci-dessous un avis plus construit, qu'une simple suite d'exclamations hyperboliques !

Peregrinos de Marte de José Antonio Suárez (257 pages, ediciones Espiral)

Ce roman de science-fiction présente la vie de deux scientifiques en 2098 occupant une base sur Mars. Il se compose de deux narrations à focalisation interne centrée sur chacun des personnages avec alternance systématique des deux points de vue : on passe de Nerea à León, puis retour sur Nerea, puis à nouveau León… De façon chronologique selon un schéma du type 1a, 1b, 2a, 2b…
Les conditions de travail difficiles des scientifiques et l’ambiance déjà tendue entre eux se voient encore détériorées par l’arrivée d’un groupe de touristes dans leur base. Effectivement, du fait du coût très élevé de la maintenance de bases sur Mars, les fonds sont en partie privés, provenant du tourisme de quelques rares privilégiés suffisamment riches pour se payer le voyage.
De fait, le développement du programme spatial stagnant pendant des décennies n’a été repris que contraint et forcé par l’humanité. Une vingtaine d’années avant l’action du roman, une énorme météorite s’est écrasée sur la Terre, rayant la ville de Munich de la carte. Les politiques se sont trouvés dans l’obligation de reprendre les programmes de boucliers anti-missiles pour parer à une nouvelle catastrophe de ce type. Une sorte de supragouvernement - l’Union pour l’Exploration Extraplanétaire - s’est alors mis en place sous l’impulsion des États-Unis et de l’Europe. Le bouclier de missiles a pu être déployé, des bases implantées sur la Lune, sur Mars, un vaisseau automatisé envoyé vers Proxima du Centaure… mais les contribuables voient au final cela d’un mauvais œil, au vu des dépenses que cela suppose. La catastrophe de l’Hermès, un vaisseau de touristes en partance pour Mars qui avait explosé en 2097, a diminué encore le capital confiance des gens.
Dans ce contexte, quatre touristes débarquent sur Candor Chasma, la base de Nerea et de León : Luis Tello, héritier d’un empire informatique à la pointe de la technologie robotique, Martin Wink, ancien sénateur de l’UEE au passé trouble, Enzo Fattori, ponte réactionnaire de la banque vaticane et enfin la gagnante de la loterie offrant une chance à monsieur tout le monde de partir sur Mars, Sonia Alba, proche d’écologistes radicaux.
Tous, les deux protagonistes y compris, ont des vies et des comportements plus ou moins chargés de zones d’ombre. Des événements inattendus surviennent assez rapidement et une ambiance de paranoïa commence à s’installer.
Difficile d'en dire tellement plus ensuite, sans déflorer l'intrigue. Je me contenterai de dire qu'une série d'incidents se déroulent au cours des jours suivants avec une escalade dans leur gravité et le suspense qui en découle...
L’intérêt du livre repose sur une maîtrise totale des techniques narratives : les personnages sont crédibles, palpables et parfois complexes, humains en somme, le scénario est très bien ficelé, avec un bon dosage entre suspense et révélation. On apprend plus sur ce futur au fur et à mesure de notre lecture, en même temps que les protagonistes. Ainsi, on n’est pas dans un univers figé, mais au contraire en « mouvance ». Rien n’est sûr et ce que l’on croyait être avéré ne l’est pas forcément. Cela se retrouve dans l’ambiance de paranoïa distillée par l’auteur.
En cela, le choix d’une narration bipolaire, avec le point de vue successif de chaque scientifique ne nuit pas au suspens, car même ainsi, tout n’est pas dit sur les activités des deux personnages principaux et cela contribue alors à brouiller plus encore les cartes.
Le style est efficace, le roman est écrit « sans fioriture » mais captive et retient le lecteur.
Les thèmes abordés sont plutôt subtilement et intelligemment traités et donnent matière à réflexion : un ordinateur, un robot peuvent-ils être plus humains que nous ? Et où s’arrête l’humanité pour des personnages comme Félix et Muriel, modifiés génétiquement pour pouvoir vivre sur Mars ?
Le futur planté est bien pensé et vraisemblable, les explications fournies pour planter le décor s’imbriquent avec logique et donne un tableau bien détaillé.
En récompense de sa qualité, le roman a récolté des critiques très positives, voire dithyrambiques, sur Internet et la première édition est épuisée. Peregrinos de Marte est arrivé finaliste du Prix Ignotus, l’un des prix des genres de l’imaginaire les plus courus en Espagne avec le Prix Minotauro et le Prix Domingo Santos. L’auteur m’a d’ailleurs indiqué qu’une autre édition était en préparation, mais il semble que cela soit en stand-by pour le moment...

Voilà pour finir quelques extraits des critiques qu’il a pu recueillir sur le net :

« Creo que Suárez es un excelente ejemplo de cómo esta avanzando en este momento la Ciencia Ficción en español. Estoy seguro que este libro será nombrado y recomendado durante muchos, pero muchos años. No pierdan la oportunidad de ser los primeros en leerlo. »
(Je crois que Suárez est un excellent exemple de la façon dont la science-fiction en langue espagnole est en train d’évoluer. Je suis sûr que ce livre sera nommé et recommandé durant de nombreuses, vraiment de nombreuses années. Ne perdez pas l’opportunité d’être les premiers à le lire.) Omar G.L. Munárriz para Axxón y Garrafex News. l'article ici

« Peregrinos de Marte es una joya que ningún buen aficionado al género puede permitirse el lujo de dejar escapar.
Están avisados. »
« Peregrinos de Marte est un joyau qu’aucun bon amateur du genre ne peut se permettre le luxe de laisser s’échapper.
Vous êtes prévenus. » © 2003 Joan Antoni Fernández (BEM On Line)
La critique complète ici

« Suárez demuestra un dominio completo en el desarrollo de la historia que nos quiere contar: a través de suaves bosquejos, va mostrándonos la trama poco a poco, sin ralentizar la novela ni acelerarla, todo en su grado justo, con ese sentido del entretenimiento ya tan característico de él. »
Suárez fait preuve d’une maîtrise complète dans le déroulement de l’histoire qu’il veut nous raconter : à travers de douces esquisses, il dépeint la trame peu à peu, sans ralentir le rythme du roman ni l’accélérer. Tout est à son juste niveau, avec ce sens de l’humour si caractéristique chez lui. » © Carlos F. Castrosín, 15 de diciembre de 2003 pour cienciaficcion.com : ici