Tuesday, December 23, 2008

En guise d'introduction aux chroniques hispaniques

Pour terminer l'année, ou pour bien la commencer... Ou pour Noël, on va dire (je poste pas ça demain, parce que demain j'ai piscine), j'ai décidé après moult hésitations de balancer la purée sur ce que je sais de ces gens-là, là de l'autre côté des Pyrénées, de l'autre côté de l'Atlantique, ces rastacouères et espingouins qui ne parlent pas la même langue que nous... Et pourtant, ils écrivent avec, ça fait des recueils de nouvelles, ça fait des romans bien brochés, avec un beau papier, des numéros de pages même... que certains de ces estrangers ou leurs éditeurs ont pu m'envoyer à l'occasion.
Voilà, à une époque je faisais le "scout" dans le domaine hispanique de l'imaginaire pour une maison d'éditions "de cuyo nombre no quiero acordarme" maintenant en mort clinique.
Sans résultat aucun.
Puis, parce que je suis un acharné dont l'entêtement confine à la bêtise crasse et béate, et que j'y crois, plutôt deux fois qu'une, j'ai étendu l'expérience à d'autres maisons d'édition. J'ai eu des "Ah, ouaif..." des "Euh", une pelleté de "Pas intéressé", quelques "très intéressant, mais reviens en 2010" et... surtout beaucoup de silence.
Un silence assourdissant.
La conclusion que j'en ai tirée, c'est que de toute manière, le monde de l'édition de l'imaginaire en France a mieux à faire que de publier des Carlos Gardini, des Domingo Santos, des Alfredo Alamo, Santiago Eximeno ou autres... Allez zou, un Américain, ça vend bien : collez sur la jaquette : Le nouveau best-seller (2 millions d'exemplaires vendus aux USA).
"Je fais dans le social qu'une fois par an", comme m'a dit une éditrice récemment. Elle a raison, son social, c'est de publier des auteurs français plus ou moins amateurs, quelques pros, sur le mode du : "on fait un appel à textes, on publie le meilleur".
Je peux pas la blâmer, moi aussi je ponds des appels à textes, et je réponds à d'autres, dont les siens parfois, d'ailleurs.
ça revient moins cher de publier un Français, si on veut faire dans le social, que de prendre un Espagnol ou un Chilien qu'il faudra traduire (un trados à payer en plus, bah oui).
La logique mercantile basique veut qu'on fasse ce qui se vend ou a des chances de se vendre et qu'on fasse aussi ce qu'on connaît. Alors bien sûr, si on n'a pas moyen de mieux connaître des auteurs étrangers, on se rabat sur des valeurs sûres anglosaxonnes.
Mais moi, je ne veux pas vous faire connaître du Peter Danger ou du Peter Dean, pseudos utilisés à une époque en Espagne pour vendre, mais bien le Domingo Santos qui se cachait derrière. Parce que le problème est bien là, juger de la qualité d'un auteur à la consonnance de son nom - ça me rappelle d'ailleurs un débat sur les pseudos qui a "agité" le forum de Borderline... Déjà dans les années 60 en Espagne, et ça devait aussi être le cas en France, mieux valait ne pas s'appeler Ramirez ou Dupont pour publier un roman de genre, si on voulait vendre.
Est-ce que cette tendance va changer, va-t-on arriver à faire éclore un peu partout des Aguilera, des Javier Negrete ? Retrouver cette époque où la France esbaudie découvrait Jorge Luis Borges, Gabriel Garcia Marquez et Julio Cortazar en se disant : "Ah oué ? On peut faire ça avec des mots ??"
Franchement, je ne sais pas, mais si au moins les fiches de lecture envoyées à bon nombre d'éditeurs muets ou trop occupés que je vous propose désormais à la lecture peuvent vous donner envie d'en découvrir plus sur les auteurs de langue espagnole de nos genres de prédilection, je me dirais que, peut-être, je ne me serais pas battu contre des moulins à vent sans brasser un peu d'air frais...

1 comment:

Céline Brenne said...

Vas-y Jacques! Un jour, le monde de la SFFF s'ouvrira sur le monde entier. Et sans doute grâce à des initiatives comme celles-là. C'est pour cela qu'on se bat non? ;)

Grosses bises et bonne année,

Céline Brenne Hernandez