Thursday, March 08, 2007

"C'est vrai que vous les mangez, vous, les chiens"

La vioque qui avait lâché ça, tenait de la bourge parisienne qui a mal tourné, la quarantaine bien entamée et mauvaise, bajoue flappie et oeil torve compris. Elle traînait dans son sillage purulent son supposé conjoint, dont le silence veule trahissait à n'en pas douter sa condition de mari battu, et le sujet qui nous intéresse tous, j'en suis sûr, son cabot.
C'était, je ne me rappelle plus, un truc rampant, petit et moche. Baveux, je sais pas, aboyeur je sais pas non plus, parce que j'ai pas eu le loisir d'en voir tellement plus.
On revenait de Paristore et Tang Frères (quand on y va, on passe toujours au deux systèmatiquement, ne serait-ce que pour voir la tête du gars à l'entrée de Tang Frères, vert, lorsqu'on se pointe avec nos sacs de la concurrence)... On revenait de ces deux magasins donc, chargés comme des mules et à la recherche d'un coin sympatoche ou se poser pour se défourmiller et boire quelque chose.
Charmant petit traiteur chinois qui nous attendait, sur le même trottoir. Avec des employés tout ce qu'il y a d'aimables et de serviables (tiens, je me croirais au travail là, en parlant comme ça...). On se pose donc, les sacs par terre à côté de la table... enfin, il y en avait une sizaine, donc, tout autour de la table, et peu de minutes s'écoulent avant que la vioque fanée, son mari battu et leur chien moche se pointent.
Ma douce et ma pomme nous regardions les sacs et le chien, alternativement, avec appréhension. Je me voyais déjà filer un coup de pompe au sale cabot, s'il s'approchait trop (je défends mon bifteck, oblige !)
L'intervention immédiate du patron fut alors vraiment vécu comme un soulagement, un don du ciel (bon, ok, j'exagère un peu).
"Non Madame, on peut pas accepter le chien dans le magasin."
La vieille peau minaude, sort une abomination :
"Mais c'est mon bébé !"
Hum !
Je coule un regard vers le bébé déjà présent en salle avec son papa et sa maman, regarde le sac à puces et autres vermines vautré sur le sol. La comparaison n'est pas heureuse. L'est trop poilu, c'mioche !
Je me pince les lèvres pour éviter de répondre à l'abomination par une énormité peu diplomatique dans cet ordre d'idée "trop poilu !!" Ma tendre et douce, en face de moi, a sûrement dû penser la même chose.
Le chinois, en maître des lieux, boute avec toute la délicatesse, le tact et la fermeté propre aux asiatiques, les colons et leur fauve.
Perfide, la vioque lance donc sa deuxième abomination, celle qui lui vaut un titre là en haut de ce billet.
Je sais pas si elle a ajouté un truc du genre "Allez, vient Choupette !!" Mais c'est fort possible !
On échange quelques mots en rigolant avec les chinois propriétaires du traiteur (père, mère, fille) et la mère de dire qu'ils n'ont pas le droit de faire entrer des animaux dans l'établissement. On peut aisément le comprendre non ?
Fin de l'épisode.
Je vais pas vous faire une thèse sur le racisme français et/ou parisien (d'aucuns disent que les provinciaux et paysans sont plus racistes que les gens de la capitale, remarquez...). Je laisse ça à ma tendre et douce Celeezer qui souhaite parler de ce même épisode dans son blog pour illustrer ce thème.
Non, moi je veux... hem... recentrer le débat. Sur le point principal, après tout. Le chien.

"C'est vrai que vous les mangez, vous, les chiens."

C'est pas faux... comme dirait Gauvain dans Kaamelott.
Mais je répondrais à la vioque, et à toutes les vioques de la Terre qui parent leurs jours décrépits de bêtes à poil : "Et alors ?"
Et alors ? ça fait quoi, diantre de bon Dieu !
En quoi est-ce anormal ou immoral ou obscène ou ce que vous voulez comme qualificatif négatif de manger du chien ?
L'européocentrisme est en train de nous bouffer la tête (normal on est en Europe).
Bon, paraît que la viande de chien c'est un peu trop gras, mais sinon...
C'est quoi ce délire de penser que les chiens et les chats sont des animaux dits "sensibles", dixit le cours de droit de ma tendre et douce et qu'ils ont donc, comme animal domestique, un statut particulier par rapport au poulet ou au boeuf ?
On s'émeut des conditions dans lesquels les chiens sont élevés pour être bouffés dans certains chenils en Chine. Et c'est vrai que c'est dégueulasse et qu'il faudrait pas faire souffrir des animaux, même si c'est pour les bouffer après. Mais et les poulets déjà mentionnés ci-dessus ? Vous croyez qu'ils ont de meilleures conditions de vie ?
Moi je bouffe du poulet quand je veux, comme des millions de français (il est vrai qu'on peut pas s'empêcher de croiser des végétariens de ci de là) et je lâche jamais une larme quand je vais chez KFC, sauf si c'est trop vraiment épicé...
Alors parce que le poulet descendrait des dinosaures (si si il paraît, les oiseaux sont des dinosaures, ou un truc dans le genre, j'ai pas fait bac S), il n'aurait pas autant de sensibilité que le chat ou le chien ?
Dans nos sociétés modernes décadentes aux forts relents de pourriture, on a anthropomorphisé les chiens et les chats, jusqu'à en faire nos semblables. A tel point qu'il y a des salles de sport pour animaux, je vous passe les toiletteries en tout genre, les pâtissiers pour animaux... Et dans le même temps on dégage des SDF de centre-ville, parce que ça fait... "sale". Aux yeux de beaucoup de gens, c'est (même) pas des chiens. On va où là ?? Et les merdes de chien qui pointent insolemment leur bout sur tous les trottoirs de la capitale, c'est pas sale ça ? Même certains parcs ou jardins publics, le bois de Vincennes par exemple, en sont souillés. Vous vous voyez jouer avec vos enfants, éclater de rire et vous roulez dans l'herbe ? Ou simplement pique-niquer ?
En Italie, vous pouvez récolter une amende si vous promenez pas votre clébard au moins deux fois par jour ? Et bientôt, une amende si vous l'emmenez pas au moins deux semaines par an en vacances ?
J'aime pas les animaux domestiques, non, je les aime pour ce qu'on a fait d'eux. Bêtes dénaturées qu'on habille, coiffe, emmène chez le psy. Et pour cause, à force de le comparer à un humain, le chat ou le chien se met à avoir les mêmes dérangements mentaux que les hommes qui les couvent d'une attention trop grande.
Les chiens c'est encore le pompon : serviles avec leur maître, baveux, puants de la gueule et potentiellement dangereux, voire très dangereux avec les autres.
Peut-être que vous aurez ou que vous avez eu l'occasion de lire ma nouvelle Chien de garde en attente chez un rédacteur en chef d'une revue. Cela retranscrit à peu près ce que je vois de pire dans le chien (il a des bons côtés aussi c'est vrai... mais attardons sur les mauvais, c'est plus drôle !)
Le chat, malgré que j'apprécie beaucoup cet animal, parce qu'il garde une certaine forme d'indépendance et de liberté, le chat ne ressemble plus vraiment à l'image que j'aimais m'en faire.
Le plus souvent, ils sont énormes et se traînent.
Paraît que le chat, ça a un goût de lapin.
Paraît...
Pendant la guerre, les gens se posaient pas de question de ce genre, et on n'en voyait pas trop des chats, dans les rues de Paris.

Si un jour on me propose un plat de chien, je dis pas que je refuserai.

4 comments:

Anonymous said...

ton annecdote est super bien écrite, et je la trouve vraiment très drole, faut voir que tu as un talent pour l'écriture. Mais... on ne dit pas... " malgré que" c'est pas français ( faute de te le répéter, je me rrépète encore.

Jacques Fuentealba said...

Ah bon... Malgré que j'ai relu mon texte, un p'tit peu, j'm'ai trompé alors... J'vas corriger ça :)))

Anonymous said...

Si je ne m'abuse, "malgré que" est juste déconseillé, mais pas faux :-)
Et à ce propos, c'est Lancelot qui dit "c'est pas faux".
Et sinon, heu... le chien et le chat, ça me tente pas, quand même.
Je ne trouve pas ça aberrant que certaines civilisations/personnes s'attachent "émotionnellement" à certains animaux, ceux qui leur servent d'animaux de compagnie (ou pas, cf. les dauphins). Ensuite, qu'ailleurs on en fasse autre chose... ça peut être dur à accepter, mais quel droit a-t-on de le dénigrer ?...

Georges said...

Bon, d'une part je signale que j'ai reçu pas plus vieux que lundi un tract qui montrait un gentil toutou sur une assiette 3vousmangez bien les autres animaux"...
De l'autre j'aurais été restaurateur chinois, j'aurais immédiatement soupesé le chien pour voir s'il était comestible, et je l'aurais rejeté en disant "seulement quand ils ne sont pas empoisonnés à la bave de crapaude, le votre est vraiment trop vénéneux"...